Au cours de l’année 2011-2012, le Quatuor Debussy est intervenu au sein de la maison d’arrêt de Valence dans le cadre du partenariat entre cette dernière et la Comédie de Valence (Centre Dramatique National Drôme-Ardèche), s’appuyant sur le dispositif national « Culture et Justice ». Ayant plusieurs fois joué à la Comédie de Valence, le Quatuor Debussy a alors sollicité l’équipe sur la faisabilité d’interventions musicales en milieu carcéral ; s’est alors engagé un long processus de réflexion entre les différentes instances afin d’entamer un parcours utile aux détenus. L’objectif de ce travail a été d’atténuer, par la culture et la musique, les facteurs de dislocation sociale inhérents à la population incarcérée qui ont, pour la plupart, un lien direct avec l’histoire judiciaire de chaque individu. Julie Pradera, attachée aux relations publiques au sein de la Comédie de Valence, commentera cette initiative :
« J’ai soumis cette proposition aux gens du SPIP qui ont, de suite, donné leur accord. Les prisonniers ne sont pas étrangers à l’art et à la culture. Ils ont assisté à des spectacles avant leur incarcération. Certes leur enfermement les prive temporairement de cette possibilité. Mais un jour, ils seront à nouveau libres et pourront retourner dans les salles de spectacle et de concert. »
Pour ce projet, le Quatuor Debussy a procédé en trois phases distinctes :
Ces interventions, suivies par une quinzaine de détenus masculins, leurs ont permis pour quelques instants de pouvoir s’évader… avec la musique. Grâce à la grande qualité d’écoute et à la forte implication des détenus, ce projet a pu aboutir à une restitution forte en émotions ; une parenthèse dans leur quotidien et une manière de pouvoir libérer leur expression et de leur donner un exutoire. L’un d’eux commentera :
« Quand on est enfermé, la vie est monotone : repas, promenades, télévision. Tout est réglé. Alors, quand on passe du temps avec des gens extérieurs à la prison, ça fait du bien, ça vide la tête. Outre leur dimension humaine, ce sont des artistes passionnés, qui diffusent cette passion autour d’eux. »
Ce projet, grandement porté par le SPIP (Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation), a permis d’entretenir le lien entre l’avant et l’après détention, avec l’extérieur et la vie en collectivité. Le Quatuor Debussy a par exemple retrouvé plusieurs d’entre-eux, une fois sortis de prison, à l’occasion de représentations en France. Ces interventions en milieu carcéral qui développent ce lien avec l’extérieur participent à une meilleure réintégration des détenus. À l’instar du théâtre ou de la danse, la musique classique conserve bien trop souvent l’image d’un milieu fermé, élitiste. Or, ce n’est pas le cas, et ce projet a été là pour le démontrer : on peut en écouter selon ses envies et il n’est pas nécessaire d’avoir des codes pour ressentir une émotion. Une expérience qui consolidera profondément les quatre musiciens dans leur approche de la médiation culturelle et, en particulier, dans le caractère indispensable d’accroître et d’intensifier encore plus les prestations éducatives et culturelles en milieu carcéral.