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12 Jan 2021

#Musique | #Culture | #Tribune

En attendant, nous attendons.

En attendant, nous attendons.

Janvier.

 

Les jours passent et se ressemblent. Les fêtes de fin d’année sont maintenant derrière nous. Nous avons inauguré 2021 comme presque tous les jours depuis maintenant plusieurs mois, en nous retrouvant à notre atelier, perché sur la colline de la Croix-Rousse, pour une nouvelle séance de travail musical en quatuor éloigné (afin de respecter les gestes barrières). Certains d’entre nous ont bravé les rames bondées du métro de la ligne C, d’autres les bus C13 ou C18 eux aussi bien remplis. Puis nous sommes rentrés chez nous, n’esquivant pas la cohue de la Part Dieu, les remous de Bellecour et les fourmillements de Perrache, bien à l’heure pour le couvre-feu.

 

Lassitude. Le temps commence à être long. Nous attendons un feu vert qui ne vient pas. Parfois, nous nous éloignons quelques temps de nos locaux, puisque notre lieu de travail n’est que très rarement fixe. Nous avons encore quelques répétitions, enregistrements de disques ou tournages ailleurs, privilège de musiciens. Alors nous reprenons le métro, comme les dizaines de milliers de Lyonnaises et Lyonnais avec qui chaque jour nous partageons ces trajets. Nous attendons, mais toujours rien. Madame la Ministre de la Culture redoutait il y a peu les quelques « 40 000 personnes dans les rues de Paris » qu’engendrerait la réouverture des salles de spectacle. Ces chiffres paraissent en effet élevés dans ce contexte de pandémie. Néanmoins, ils sont à relativiser face aux centaines de milliers de déplacements en transport en commun chaque jour en région parisienne, même en période de baisse de l’utilisation des transports publics suite au Covid-19. Il convient également de souligner que ces inquiétudes sont excessivement centrées sur les métropoles et leurs réseaux de transport denses. Toutes proportions gardées, ces craintes semblent moindre pour des villes telles que Châlons-en-Champagne ou Saint-Céré dans lesquelles nous aurions dû jouer en janvier. La prudence doit être de mise, le bon sens également.

 

En attendant, nous attendons. Depuis trop longtemps. Pourtant, nous ne désespérons pas. Nous continuons de travailler, peut-être même avec plus d’ardeur que nous ne l’avons jamais fait, comme si cette inactivité imposée nous conduisait inlassablement à nous plonger davantage encore dans  notre passion : la musique. Et ce, sous toutes ses formes. Car il ne s’agit pas seulement de lectures de partitions, d’arrangements, de répétitions. Il existe toute une machinerie à nos côtés qui nous permet de créer des projets, de faire des rencontres, de nous produire un peu partout, en France et ailleurs, sur des scènes mythiques ou improvisées. Une machine bien rodée mais fragile, que nous essayons de garder à flot tous ensemble. Une machine qui s’adapte, se transforme, se métamorphose. Qui s’époumone chaque jour pour que notre musique puisse sortir des murs de notre atelier, en s’assurant que les risques sanitaires soient les plus faibles possibles. Une machine qui, ces derniers temps, construit puis déconstruit tout ce qu’elle fabrique habituellement. Toute cette machine fonctionne essentiellement grâce au dévouement et à la passion de ses multiples rouages, des femmes et des hommes que l’on ne peut acheter avec des promesses d’aides et de subventions. Il ne s’agit pas seulement de moyens financiers mais surtout de permettre l’exercice normal d’un corps de métier riche, varié et malheureusement délaissé. Toute une mécanique à l’arrêt. Il est désormais temps de lui permettre de se remettre en service et de ne pas, elle aussi, la laisser s’éroder en silence.

 

Le Quatuor Debussy

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