Le Quatuor Debussy se mesure au théâtre, au jazz et au hip-hop

En 30 ans d'activité, le Quatuor Debussy a créé des passerelles avec d'autres domaines artistiques, du théâtre au cirque, en passant par le jazz et le hip-hop. - Olivier Ramonteu
En 30 ans d'activité, le Quatuor Debussy a créé des passerelles avec d'autres domaines artistiques, du théâtre au cirque, en passant par le jazz et le hip-hop. - Olivier Ramonteu
En 30 ans d'activité, le Quatuor Debussy a créé des passerelles avec d'autres domaines artistiques, du théâtre au cirque, en passant par le jazz et le hip-hop. - Olivier Ramonteu
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Quand ils ont formé leur groupe, en 1990, le Quatuor Debussy aurait pu prétendre à une carrière très classique. Aujourd’hui, les quatre musiciens partagent la scène avec des comédiens, des danseurs, des compagnies circassiennes et même des chanteurs ultra-modernes.

C’est en quelque sorte un quatuor unique en France. Avec sa formation on-ne-peut-plus classique, le Quatuor Debussy, formé à Lyon il y a trente ans, aurait pu se contenter de l'idée de carrière toute tracée qu'on peut se faire d'un quatuor classique. Mais ces musiciens préfèrent se confronter au jazz, au théâtre musical, et même au hip-hop, comme c’est le cas notamment durant leurs quinze dates du mois de novembre 2021. Le Quatuor Debussy prône « la musique classique autrement, partout et pour tous ». C’est dans cet esprit que les quatre musiciens se retrouvent par exemple à la MC93 (maison de la culture de Seine-Saint-Denis, à Bobigny), partageant la scène avec des comédiennes dans des pièces de théâtre musical contemporaines.

Quand le metteur en scène belge Guy Cassiers a monté son spectacle Antigone à Molenbeek & Tirésias, la présence sur scène de la musique était pour lui inéluctable. Mais sous quelle forme ? Comment accompagner ces deux monologues ? Dans cette pièce, Guy Cassiers a opté pour le 15e quatuor de Dmitri Chostakovitch, par le Quatuor Debussy. Et ce pour une raison particulière : leur présence scénique, plutôt unique. « Je ne vois aucun autre quatuor capable, pas seulement de jouer le 15e quatuor de Chostakovitch sans partition, mais également de jouer, créer une situation dans chacun des dialogues avec l’actrice », avoue le metteur en scène.

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L’avenir de la musique classique ?

Et c'est là toute la singularité du Quatuor Debussy. Dans cette société actuelle, ultra visuelle, le concert doit, pour eux, être aussi beau pour les oreilles que pour les yeux. Tout un travail, pour le premier violon du groupe, Christophe Collette : « Quand on veut faire ce genre de rencontres, il ne faut pas imaginer qu’il y a d’un côté les musiciens et de l’autre les acteurs ou les danseurs, mais plutôt que tout cela forme un tout. Donc nous, musiciens, devons jouer le jeu à fond. Cela demande beaucoup d’implication : connaître le texte, afin de donner une couleur à la musique, de la même manière que la musique donne une couleur au texte. Il faut se libérer des partitions, jouer par cœur, le plus souvent loin les uns des autres, de manière à ce que le concert devienne un concert total. »

MAXXI Classique
4 min

Un concert total, et parfois même totalement en-dehors des clous du classique. Bref, l’identité-même du Quatuor, c’est être là où on ne l’attend pas. Une singularité qui lui fait obtenir plus de dates, on l’imagine très bien, mais aussi de nombreux prix, tels qu’une Victoire de la musique, en 1996 (« Meilleure formation de musique de chambre ») ou encore le premier Grand Prix du Concours international de quatuor à cordes d’Évian 1993.

« Je n’irai pas jusqu’à dire que c’est l’avenir de la musique classique, poursuit Christophe Collette, premier violon du groupe_. Je crois que le concert est quelque chose de merveilleux, et qu’il sera toujours irremplaçable. Mais ce que nous faisons est peut-être l’avenir de certains types de salles et de publics. Pour nous, enfin, c’est un enrichissement extraordinaire de mélanger les mises en scène, de rencontrer des acteurs, des chanteurs, des danseurs. Se poser la question de la transversalité des arts, c’est finalement aussi important pour nous que pour le public actuel. »_

Une passion pour le mélange des genres et des arts qui n'est pas sans rappeler les habitudes de Debussy lui-même, qui travaillait régulièrement avec des peintres, des poètes et des écrivains, pour lui aussi, croiser les univers.

L'invité du jour
32 min

Programmation musicale

  • GIOACCHINO ROSSINI (Compositeur)

    Le barbier de Séville : Con la presente il dottor Bartolo (Acte I) Tutti

    CLAUDIO ABBADO (Chef d'orchestre), FRANK LOPARDO, CHOEUR DU THEATRE LA FENICE (Chœur), ORCHESTRE DE CHAMBRE D'EUROPE

    Album Le Barbier de Séville (intégrale) (1992)

    Label Deutsche Grammophon (435763-2)

L'équipe

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